Réflexion sur la Méditation
Je vois fleurir, dans la presse et sur le net, depuis un certain temps des approches méditatives de toutes sortes.
Méditation pleine conscience, méditation pleine présence, méditation laïque, méditation médicale, etc… toutes rationnelles, toutes expliquées…
Tout cela est respectable à partir du moment où de telles pratiques peuvent aider les personnes qui ont besoin de se centrer sur elles même.
Pour ma part, je médite depuis plus de 20 ans et je tenais à vous faire part de mon expérience qui m’a permis d’accéder à autre chose, au-delà du mental.
Il existe une différence entre la méditation du mental et la méditation qui nous échappe du bas mental, en quelque sorte nous élève de notre conscience ordinaire.
Cet état subtil ne supprime pas le mental, mais cet état de conscience modifié nous fait digérer, si je puis dire, le bas mental. Vous restez vous-même, mais dans un autre état de conscience.
Cette dialectique reste subtile, c’est la particularité de l’approche du mystique.
Nous ne sommes plus, dans cette pratique, à l’identification à…
L’Identification au corps et au mental.
Cette pratique se rapproche de ce que vivait Sainte Thérèse D’Avila. Elle parle bien de cette différence quand elle passe de la prière, (relation au mental), à l’absorption (relation au-delà du mental).
Voir : « Le château intérieur » de St Thérèse D’Avila.
Ce courant qui m’instruit vient de la transmission de Lilian Silburn*.
Voici, entre autre, sa vision, que je partage, sur la méditation.
« Le système est fondé sur le silence et la vie intime du cœur que chacun découvre selon son rythme et qui prend pour chacun des modalités différentes ; dès lors, les comparaisons se font sans profit, les bavardages sont inutiles.
L’expérience mystique est trop profonde, trop vivante, trop intense pour faire l’objet de discours ou de discussions sous quelque forme que ce soit. Elle ne peut se développer qu’à l’abri de tout langage discursif, de toute objectivation ; l’extérioriser, c’est en perdre le parfum et même la réalité, c’est enlever toute chance de se développer au discernement intuitif qui doit accompagner les nouvelles expériences. Il n’y a pas non plus à faire de prosélytisme, de propagande de conversion, l’essentiel sera toujours reconnu par celui qui est apte au secret du cœur. »
La méditation est un outil de transformation, il y a bien une métamorphose de l’être. Ce qui ne retire en rien à vos compétences professionnelles.
Nous passons de la chenille au papillon, pendant ce temps, la méditation doit être un échange, une transmission orientée dans la générosité de l’acte et uniquement orientée dans la relation de cœur à cœur.
Vous ne serez épargné de rien, mais vous ne serez plus jamais seul.
Je terminerai par une allégorie symbolique de Saint jean de la Croix
Extrait de son livre ; « La montée du carmel »
Cette allégorie démontre bien l’évolution du méditant dans sa quête de sens et son authenticité.
« La méditation est comme un puits que nous avons tous en nous. Nous recherchons à remonter de l’eau du puits afin d’arroser notre jardin intérieur.
Premièrement, nous creusons avec nos mains le puits, tâche difficile… mais grâce à notre guide, nous avons déjà trouvé la source.Deuxièmement ; nous remontons l’eau du puits et arrosons notre jardin.
Troisièmement ; il pleut dans notre jardin, ainsi les fleurs sont arrosées toutes seules, ce qui nous laisse le temps de nous abandonner à notre intériorité. »
Bibliographie :
« Une vie mystique « De Jacqueline Chambron
« Le vide, la voie, le maître, « de Lilian Silburn
« Traces de lumière » de Faouzi Skali
« Le château intérieur » de Mère Thérèse D’Avila
« La vive Flamme d’Amour » de St Jean de la Croix
*Lilian Silburn (1908-1993) est une indianiste française, spécialiste du shivaïsme du Cachemire, du tantrisme et du bouddhisme.
Philosophe de formation, elle étudie le sanskrit et la pensée indienne avec Sylvain Lévi et Paul Masson-Oursel. Elle entre au CNRS durant la Deuxième Guerre mondiale et y fera toute sa carrière. Elle travaillera et publiera avec Louis Renou.
Elle part en Inde en 1949 pendant cinq ans pour s’imprégner de la tradition vivante des écoles shivaïtes du Cachemire : selon André Padoux, « accédant dès lors à une interprétation traditionnelle de cette pensée et à la façon dont on pouvait la comprendre et la vivre de l’intérieur, elle voulut la faire connaître en Occident par ses principaux textes. Elle faisait pour cela œuvre de sanskritiste, mais sans privilégier la philologie, car elle tenait avant tout à faire apparaître l’intérêt philosophique et, plus encore, la signification spirituelle et la portée mystique des œuvres qu’elle présentait ». Plusieurs de ses ouvrages sont devenus des références.